Résumé:
Ce travail de recherche propose un cadre explicatif de la qualité de l’audit légal par les comportements dysfonctionnels des auditeurs à savoir les comportements de réduction de qualité de l’audit (CRQA) et la sous-déclaration du temps passé sur la mission d’audit (SDTPM). Plusieurs facteurs peuvent pousser les auditeurs à se comporter d’une manière dysfonctionnelle susceptible d’altérer la qualité de la certification des comptes. Cette étude de recherche mobilise la théorie néo-institutionnelle pour expliquer le recours à ces pratiques.
La population de l’étude est constituée d’auditeurs opérant dans des cabinets d’audit légal nationaux installés en Algérie. Les données de l’enquête ont été collectées par le biais d’un questionnaire et analysées par la méthode des équations structurelles selon l’approche par les moindres carrés partiels (PLS-SEM). Les analyses montrent que l’environnement institutionnel affecte les comportements dysfonctionnels des auditeurs. Concernant les pressions institutionnelles provenant de l’environnement externe du cabinet d’audit, les résultats révèlent que les audités, par leurs comportements non coopératifs voire gênant, entrainent des CRQA. Quand il s’agit de la complexité des tâches générée par la complexité des référentiels comptable, fiscal et d’audit, il s’avère qu’elle engendre des CRQA. Cependant, l’importance économique du client entraine moins de CRQA. Ce résultat peut s’expliquer par les risques de perte de réputation et des litiges. Lorsqu’on a trait aux pressions institutionnelles provenant de l’environnement interne du cabinet d’audit, il a été observé que la pression budget/temps amoindrit la SDTPM. En effet, la pression budgétaire peut motiver l’auditeur pour effectuer un audit de qualité dans moins de temps comme elle peut le pousser à rajouter des heures supplémentaires prises de son temps personnel qu’il déclare correctement à cause de l’absence d’une évaluation de la performance basée sur la faisabilité du budget. Par ailleurs, les résultats sur les antécédents à la pression budget/temps indiquent que l’implication de l’auditeur dans l’établissement de ses budgets/temps l’augmente. Ce résultat peut s’expliquer par la pseudo-participation. Par contre, l’établissement des budgets/temps de l’année en cours sur la base des budgets/temps de l’année précédente la réduit.
Bien que les comportements dysfonctionnels risquent d’altérer la qualité de la certification délivrée, les auditeurs les adoptent en tant que travail institutionnel de la manière qui équilibre leurs intérêts et les intérêts de la profession.