Résumé:
L’objectif de cette thèse est l’appréciation de l’efficacité de la politique monétaire en Algérie durant les vingt-cinq dernières années (1990-2015). Pour ce faire, nous sommes amenés à rechercher, dans les travaux aussi bien théoriques qu’empiriques, dans les faits et leur histoire, les différents facteurs qui l’influencent, voire qui la déterminent. Les principaux facteurs retenus sont : l’indépendance de la Banque centrale, la stratégie de politique monétaire, les objectifs de la politique monétaire, l’offre de monnaie, la demande de monnaie et les instruments et canaux de transmission de la politique monétaire. C’est l’analyse de ces facteurs et leur mise en cohérence qui permettent de juger de l’efficacité de la politique monétaire.
L’étude de l’indépendance de la Banque d’Algérie montre qu’elle jouit d’une indépendance relativement réduite. Toutefois, la Banque d’Algérie a conservé une certaine indépendance de facto dans la conduite opérationnelle de sa politique monétaire, ce qui est de nature à impacter positivement l’efficacité de la politique monétaire.
L’étude de la stratégie de politique monétaire en Algérie montre qu’elle ne satisfait pas les conditions d’efficacité de la stratégie de ciblage d’inflation bien qu’une cible numérique d’inflation ait été définie. En effet, la stratégie poursuivie s’apparente plus à une stratégie de ciblage monétaire dans la mesure où elle définit des objectifs intermédiaires en termes d’agrégats monétaires sur lesquels elle se base pour atteindre l’objectif final d’inflation. L’efficacité de cette stratégie est soumise à trois conditions fondamentales qui constituent les trois facteurs d’efficacité de politique monétaire. La première condition concerne la définition des objectifs intermédiaires qui ont une influence notable sur l’objectif final d’inflation. L’étude de l’inflation en Algérie montre que les agrégats monétaires en constituent les plus importants déterminants. Ce résultat signifie que la Banque d’Algérie peut agir efficacement sur l’inflation en utilisant les agrégats monétaires. La deuxième condition concerne le contrôle de l’offre de monnaie. L’étude de l’offre de monnaie montre que le mécanisme qui s’applique en Algérie est celui du multiplicateur monétaire. Une relation forte existe entre la base monétaire, la masse monétaire et les crédits bancaires. Néanmoins, le multiplicateur monétaire n’est pas stable, ce qui rend imprécis, voire imprévisible l’impact à long terme de l’action de politique monétaire sur les agrégats monétaires et qui est de nature à affaiblir son efficacité. La troisième condition concerne l’existence et la stabilité de la fonction de demande de monnaie. L’étude de la demande de monnaie montre que le comportement de demande de monnaie en Algérie se rapproche d’une fonction de demande de monnaie pour les transactions, ce qui favorise l’utilisation des agrégats monétaires. Aussi, la fonction de demande de monnaie est stable, ce qui signifie que la relation entre les agrégats monétaires et les variables réelles peut être convenablement prévisible permettant un fonctionnement efficace de la stratégie de ciblage monétaire.
L’étude de la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle, sur la base d’une modélisation de l’économie algérienne à travers 48 variables macroéconomiques, montre l’efficacité de sa transmission et son impact sur l’inflation. En effet, la transmission de la politique monétaire a été assurée principalement par le taux de change, qui constitue le canal de transmission le plus efficace. Secondairement, c’est le canal des crédits bancaires qui montre une efficacité accrue dans la transmission de la politique monétaire. Ce canal agit à travers l’instrument de reprise de liquidités, qui est l’instrument le plus efficace, du moins durant la période 2005-2015.
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En somme, bien qu’ils présentent quelques limitations, les différents facteurs étudiés étaient globalement en faveur de l’efficacité de la politique poursuivie par la Banque d’Algérie durant la période 1990-2015. Cette efficacité s’est traduite concrètement par sa contribution significative à la stabilité des prix à un niveau appréciable sur toute la période 1997-2015